– Je vous assure, cher cousin, que vous avez dit : « bizarre, bizarre »…

– Moi j’ai dit « bizarre, bizarre » ?… Comme c’est bizarre.

Les cinéphiles qui lisent ce texte auront d’emblée reconnu la célébrissime réplique de « Drôle de drame », que je vous offre en guise de clin d’œil, pour démarrer cette nouvelle boulette. « Drôle de drame », le second film de Marcel Carné, sorti en 1937. Certes, cela ne nous rajeunit pas, je vous le concède bien volontiers. Même moi, je n’étais pas né, en 1937. C’est dire si l’on remonte le temps avec cette boulette !

Ce qui est certain, c’est que le bizarre se porte comme un charme, et ceci depuis bien avant 1937. Et en raison du développement de l’informatique dans notre quotidien, il n’a fait que s’amplifier, le bizarre.

Tout récemment, je vous suggérais d’apprendre à parler le Véolia ; ceci afin de décrypter le sens profond des messages pour le moins surprenants, qui parfois, pouvaient être expédiés depuis la galaxie Internet. Eh bien aujourd’hui, je reviens avec de nouvelles étrangetés, avec des bizarreries encore plus déconcertantes… car bousculant totalement notre conception du temps, notre perception de la temporalité. Le passé, c’est dépassé, le présent n’est pas un cadeau, quant au futur, il n’a pas d’avenir ! Je ne vous apprends rien. Tenez, prenons par exemple, cette information qui s’affiche sur mon écran d’ordinateur lorsque je le tire, chaque matin, de son sommeil de machine :

Oui, l’informatique, cette fabuleuse trouvaille du génie humain peut donner lieu à l’apparition d’un tel message. On ne louera jamais assez les époustouflantes propriétés de Windows 10. Un rapide calcul vous apprendra que ledit mot de passe n’est plus valide depuis la bagatelle de 420 ans et quelques poussières. Nous voici donc au tout début du XVIIème siècle, soit en 354 avant Bill Gates. Par conséquent, l’ordinateur était déjà inventé. Henri IV s’en servait du reste tous les jours, pour mettre à jour son blog « lapoulaupot.com ». Ce qui place, preuve à l’appui, Steve Jobs et Bill Gates en position d’usurpateurs ou de plagiaires. L’on en découvre décidément tous les jours !…

Mes découvertes ne s’arrêtent pas là ; car pas plus tard qu’hier, alors que je cherchais des renseignements sur une ancienne décharge (vous me direz : quelle drôle de lubie que de passer son temps à ça, et vous aurez raison !), j’ai trouvé plus sensationnel encore. Voyez plutôt  :

Quand je vous dis que le temps est juste une vue de l’esprit… Oui, si l’on en croit l’information disponible sur Internet, la décharge a bien été fermée, avant même d’être ouverte. 867 ans auparavant ! Je ne sais pas pour vous, mais moi, ça me donne carrément le vertige !

L’information apparaît tellement surprenante que l’on aimerait pouvoir la vérifier. Seulement, allez donc dénicher un témoin – le fameux témoin à décharge, vu dans tous les procès – qui se souvienne encore, depuis le XIIème siècle, de ce qui s’est réellement passé à l’époque. Il faudrait pour cela mettre la main sur une super-super-super Jeanne Calment !

Après un scoop pareil, la pourtant magnifique preuve d’abolition du temps que m’a envoyée Cachou, une fidèle lectrice, fait tout de suite pâle figure. Elle prépare son dossier de départ en retraite, et elle a besoin de justificatifs concernant un congé de maternité, justificatifs que la Caisse Primaire d’Assurance Maladie est censée lui fournir. Sauf que là, l’on atteint les limites de l’outil informatique. Notre presque retraitée, déjà dans les starting blocks, a ainsi reçu cette réponse :

Ben oui, la fameuse obsolescence – programmée ou non – a encore frappé. L’informatique n’était pas encore très performant en cette fin de XVIIème siècle. On devait en être encore aux cartes perforées. Ce qui fait que les données (pfffuuitt !) se sont évaporées.

Ah, il ne fait pas bon, croyez-moi, de bénéficier d’une longévité exceptionnelle. Quelle idée aussi de faire des enfants au siècle de Molière pour prendre sa retraite à l’ère de Fesses de Bouc !

Aussi, futur(e)s retraité(e)s, même si vous êtes des forcené(e)s du boulot, même si vous pensez que le petit Père Chronos n’est qu’un gamin comparé à vous, faîtes gaffe quand même. Les archives informatiques connaissent des failles. Temporelles bien sûr ! Alors, un conseil, pensez à réunir tous vos justificatifs, au moins trois siècles avant la date officielle de votre départ en retraite. C’est plus prudent. Avouez qu’avec des salarié(e)s qui se prennent pour Mathusalem, on comprend mieux le sens profond de tous ces discours sur l’allongement continuel de l’âge de départ à la retraite…

Pour conclure cette promenade au pays du temps qui n’existe pas, je vous suggère une pointe de merveilleux, sinon d’ésotérique. Sous la forme d’une affiche punaisée dans une église de l’arrière-pays provençal. J’ai pris connaissance de cette étrangeté proche de l’exorcisme, grâce à Essgée, qui ne fait donc pas que photographier les spectacles des Premières Mondiales, mais confirme ainsi qu’elle a toujours l’œil en éveil.

Alors que s’achève l’an 2 des gestes barrières, il est sans doute rassurant de constater qu’il existe encore des protocoles séculaires à base d’eau bénite, pour protéger les minots de ces démons sournois qui ont pour nom l’imparfait du subjonctif et la table de multiplication. L’eau bénite est-elle aussi efficace contre les virus chinois ?

Mystère. Mais rien n’interdit d’y croire…

N’hésitez pas, comme Essgée et comme Cachou, à m’adresser les étrangetés que vous découvrez ici ou là. Elles trouveront leur place dans cette rubrique.

La version «audio» des bizarreries collectées pour cette nouvelle boulette angevine est disponible sur le « pot de caste » de Radio G !, dans l’émission Topette ! de l’ami Pierre-Benoît. Cela démarre à 2’24 » et s’achève à 9’36 ». Je vous invite naturellement à écouter l’intégralité de l’émission.