Depuis un moment déjà, l’on savait que les brunes ne comptaient pas pour des prunes. Désormais, il faut se rendre à l’évidence, les blondes quant à elles, sont devenues d’authentiques James Bond.
Le premier long métrage de Coralie Fargeat, Revenge, le démontre d’une manière évidente. Jusqu’à présent, vous pensiez que les blondes qui ressemblent à BB dans « Et Dieu créa la femme », ne sont capables que de faire les magasins et de glousser sottement quand on leur raconte une blague qu’elles ne comprennent pas vraiment ?… Eh bien, grâce à Coralie Fargeat, il va vous falloir réviser votre jugement !
Attention, potentiellement, une blonde sexy qui passe son temps à se limer les ongles au bord d’une piscine cache peut-être une véritable guerrière – voire un fin stratège – qui ferait passer le plus aguerri vétéran des Marines pour un boy scout tout juste bon à faire de la figuration dans « La guerre des boutons ». Mais n’anticipons point, je me dois de vous raconter l’histoire a minima.
Soit un fringant quadragénaire étasunien et chef d’entreprise (Kevin Janssens), de surcroît époux d’une française restée sur le vieux continent avec la marmaille « sang mêlé », attendant ses deux associés franchouillards pour une partie de chasse dans le désert californien. Histoire de tuer le temps avant les antilopes du coin, le beau gosse s’est entiché de la ravissante personne (Matilda Lutz) dont je vous ai parlé plus haut. Une créature dont la caméra ne cesse de nous répéter lorsqu’elle la filme de dos : Mais quel beau métier professeur ! ». Les amateurs de contrepèteries apprécieront.
Et pour que les ébats de ce couple particulièrement caliente puissent s’accomplir dans des conditions confortables, lesdits ébats se déroulent dans une baraque aux portes du désert dont le luxe ferait pâlir de jalousie toutes les résidences secondaires de Bernard Arnault réunies. Ce n’est plus une maison, c’est carrément une oasis. Le décor est planté ; à l’intrigue maintenant.
Vous vous en doutez, perspicaces comme vous l’êtes, ça ne va pas bien se passer. Les copains du gars au physique de surfeur sont évidemment du genre « vilains/pas beaux » et bavent de manière ostensiblement indécente dès qu’ils entrevoient la donzelle. Un déhanchement un peu appuyé et un viol plus tard, et c’est la saine ambiance dans le quatuor. Il est bien proposé un « arrangement » financier à la beauté, mais l’ingrate a le toupet de refuser. Incroyable. Comme si l’argent n’achetait pas tout, le silence en particulier ?!…
Naturellement, à ce stade, ça dérape forcément. Et « grave ! », comme l’on dit de nos jours. La mignonne finit par être précipitée d’une corniche pour atterrir cinquante mètres plus bas (ce doit être ça, ce que l’on appelle le cinéma d’hauteur !) sur un arbuste desséché qui la perfore gaillardement de l’une de ses branches pointues. Exit la blonde ! Le trio de machos n’avait il est vrai pas d’autre choix ; les femmes sont tellement bavardes !…
Sauf que, bien évidemment, elle n’est même pas morte ! Coralie Fargeat a des références cinématographiques et tient à nous le rappeler. Elle va donc ressusciter sa protagoniste à la manière de Terminator. De toute façon, il restait une bonne heure un quart à meubler (souvenez-vous que nous sommes – hélas ! – dans un long métrage). D’autant qu’on a à peine eu le temps de piocher dans le pochon de pop corn !… Autant vous dire qu’à partir de cet instant, votre Tonton Albert attrape un furieux fou rire qui ne le lâchera plus jusqu’au générique final, tant il est vrai que le spectateur va alors vivre une bonne soixantaine de minutes de sottise pure comme rarement le cinéma peut en proposer.
Parce que là, ça va aller crescendo. Normal, la belle a plus d’un tour dans son sac – un sac qu’elle a d’ailleurs oublié dans la maison du bel adonis. Pas grave, car elle va se tirer de cette vilaine posture. Par chance, son baladeur et son briquet sont tombés non loin de l’arbre sur lequel elle est suppliciée. Quelle aubaine ! Après un bref incendie sélectif, Terminator Girl peut se traîner avec 20 bons centimètres de bois pointu dans l’abdomen (au cas où vous auriez oublié qu’il y a eu viol, cette symbolique évidente vous le rappellera), à l’abri de ses poursuivants.
Vous noterez que ce genre d’épieu, conçu pour se débarrasser des vampires les plus tenaces, ici ne crée que des dommages spectaculaires mais en rien mortels. Car – l’auriez-vous deviné ?- quand on s’embroche le ventre sur un pieu acéré, aucun organe vital n’est touché. Nan ! Les bimbos ne rangent pas leur foie, leurs intestins, et encore moins leur rate, leur pancréas ou leurs reins aux mêmes endroits que nous. C’est là que réside le secret du ventre plat ; chez la bimbo, les viscères sont à l’extérieur du corps. J’aimerais savoir qui a été le prof d’anatomie de Coralie Fargeat…
Et puis, tant qu’à verser dans l’invraisemblable, autant y aller franchement. Et Coralie Fargeat n’y va pas, elle y galope. La protagoniste perd son sang à l’image de Baudelaire dans La Fontaine de Sang, qu’à cela ne tienne, elle n’en est pas affectée pour autant ! C’est à croire que chez un top model, en cas d’hémorragie, le sang se régénère tout seul. De toute façon, les centres de transfusion en plein désert ne sont pas aisés à trouver, aussi vaut-il mieux gérer la pénurie en interne. Il va sans dire que cette perte de fluide vital (une allégorie des règles ? Va savoir…), ne déclenche pas de soif non plus. Hormis celle de la vengeance. Cette fille-là est en effet aussi sobre qu’un dromadaire. A crapahuter en plein cagnard, elle ne boira pas une goutte d’eau. Cerise sur le gâteau, elle marche pieds nus (les blondes sont distraites, elles oublient leurs pompes quand elles ne marchent pas à côté d’elles), sur des cailloux acérés comme des dents de requin. D’accord, on est au cinéma, mais tout de même ! Il y a des limites au foutage de gueule.
Pendant ce temps-là, que fabriquent donc les trois compères ? Eh bien, ils jouent les lièvres de la fable en prenant leur temps pour arriver jusqu’à « l’arbre-supplice » et faire disparaître le corps balancé du haut de la corniche. Devant les restes du « feu de camp » allumé par leur Lara Croft qui ne porte pas de lunettes, l’intellect des trois gugusses migre depuis leurs gonades où il réside habituellement pour remonter jusqu’au cerveau.
– Shit, il faut la retrouver ! » dira le plus perspicace des trois. Débute alors la chasse à l’homme, pardon, « à la femme », chasse pour laquelle vous avez payé votre billet d’entrée.
Je vous l’ai dit plus haut, Coralie Fargeat a des références cinématographiques, voire historiques. Normal, elle vient de la Fémis, et on n’est pas des « fronts de taureau » à la Fémis ! La réalisatrice va donc nous les distiller : Psychose avec la scène de la douche, Reservoir Dogs pour le patinage final dans l’hémoglobine… et la légende d’Horace contre les Curiaces. Celle-là, c’est vraiment au cas où des intellos seraient restés dans la salle après la première demi-heure.
Je passe donc sur le dénouement au cas où vous voudriez tout de même aller voir ce truc ni fait ni à faire. On dira que c’est un premier film. Allez, on va dire ça… On peut dire aussi que pour qu’elle fonctionne, une histoire aussi incroyable soit-elle, doit demeurer crédible. Manifestement, ce détail aura échappé à Coralie Fargeat. Sa volonté de faire un film sur les intolérables violences faites aux femmes lui aura fait perdre de vue que raconter n’importe comment revient à desservir la cause défendue.
D’aucuns ont cru voir dans cette fiction, le renouveau du film de genre (sans jeu de mots, ou presque), ils oublient que l’important dans le pastiche, c’est de ne pas trop diluer.
Je sais que parfois visionner les bandes annonces déflore les films, et que c’est pitié, hé ? Mais là, quand même, tu aurais dû … !!! Tout y est … comment dire ? explicite ?
On peut faire tellement de choses plus agréables/utiles/ludiques/culturelles* en 2 heures ! Ou rien. C’est bien aussi, « rien », parfois … Bref, voilà un film qui, apparemment, n’est même pas mieux que « rien ».
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Huhu qu’est-ce qu’on spoile ! Pas grave, je n’irai pas le voir, demain j’ai aquaponey. Il y a quelques films dans le genre qui ont été faits, comme « I spit on your grave ». Celui-ci n’a pas l’air de relever le niveau. Mais bon. Quand on veut déconnecter, laisser les neurones au vestiaire, et voir les vilains chasseurs prendre une fessée…
Albert, dans ta course sans fin dans les champs cinématographiques, tu t’es perdu dans un camps de navets….
Je ne savais pas que la FEMIS formait des producteurs de légumes.
Rien que la bande annonce , ho la la …..