Tu t’attendais, ami lecteur, amie lectrice, à ce que je débarque une fois de plus avec des poches sous les yeux ?… Eh bien cette fois, je suis venu avec juste un léger rictus, tant l’information que j’ai captée récemment m’a fait sourire, en raison de son aspect pour le moins incongru…
J’ai en effet appris que les gendarmes, même les gendarmes, connaissent des problèmes de fin de mois. Ils ne parviennent plus à payer leur loyer. Bon, tant que ce ne sont pas les PDG du CAC 40 qui sont confrontés à de semblables difficultés, l’honneur est sauf, mais pour combien de temps encore ?… Hein, je te le demande, amie lectrice, ami lecteur !
Je pense que tu comprends mon inquiétude. Alors, j’imagine que tu souhaites que je t’en dise un peu plus sur l’origine du problème que rencontrent les gendarmes ? Voilà de quoi il est question. La presse locale – et même nationale – s’en est fait l’écho, tant le phénomène est général. Oserais-je dire qu’il est « maréchal » ce phénomène, sinon « maréchal des logis »… Celle-ci, je l’admets, je n’étais pas forcé de la faire. Et encore, je me suis retenu de dire qu’une gendarmerie, ce n’était jamais qu’une « boîte de pandores » !… flûte, ça m’a échappé !
Bref, en raison de difficultés financières, la gendarmerie reporte le versement de bon nombre de ses loyers. L’ardoise, selon le Ministère de l’Intérieur, s’élèverait à la bagatelle de 200 millions d’euros. Et celle-ci serait en grande partie imputable aux frais importants occasionnés par l’exigence d’extrême sécurité lors des Jeux Olympiques et au déploiement des forces de gendarmerie en Nouvelle-Calédonie.
Alors, si les tensions en outremer n’étaient pas franchement prévisibles, pour les Jeux Olympiques, on est en droit de s’interroger. Il me semble que l’événement et sa durée étaient connus de longue date, et qu’en conséquence, il y avait sans doute moyen de mettre en face la ligne budgétaire ad hoc. Gouverner c’est prévoir, paraît-il. Si tel est bien le cas, il faudrait que le gouvernement recrute de toute urgence un Nostradamus – même débutant, ce qui permettrait de le payer moins cher – afin de se mettre à l’abri de semblables déconvenues qui, avouons-le, ne font pas très sérieux.
L’Etat doit, à ce que l’on dit, montrer l’exemple. On se demande vers quelle exemplarité il invite le citoyen lambda en jouant les locataires indélicats… Bon, cette nouvelle m’a toutefois enseigné que les gendarmes n’étaient pas logés gratuitement. Je pensais naïvement que les gendarmeries, incontestables terrains militaires, étaient propriétés exclusives du Ministère de la Défense, et non pas des communes. Il n’y a pas à dire, le fameux millefeuilles administratif français, ça n’est pas de la tarte !
Désolé, lecteur, lectrice, ça m’a encore échappé ! Mais tu vois, il y a autre chose qui me surprend dans cette affaire. Je suis en effet surpris de voir que ce n’est pas le Ministre de la Défense qui explique la situation devant les caméras, mais que ce soit le Ministre de l’Intérieur qui s’en charge.
Si encore c’était la police qui ne payait plus son loyer, j’aurais compris ; mais les gendarmes, ça ne relève théoriquement pas des compétences – certes considérables – de M. Retailleau, mais de son homologue, M. Lecornu. Mais j’y suis, en tant que Ministre de l’Intérieur, M. Retailleau est également le ministre des collectivités territoriales !…qui sont propriétaires des gendarmeries. Et de ce fait, il assure en quelque sorte le service après-vente… On voit bien là le talent de M. Retailleau, toujours enclin à flatter les propriétaires dans le sens du poil.
Au-delà de l’anecdote passablement savoureuse du locataire bien sous tous rapports auquel on ne peut cependant plus faire confiance, il y a l’impact sur les finances des communes. C’est ainsi que certains maires n’hésitent pas à décrire une forme de réaction en chaîne, un effet-papillon, car faute de récupérer les loyers des gendarmeries implantées sur leur territoire, ces communes peinent à équilibrer leur budget. D’autant que localement, la gendarmerie ne s’est pas acquittée non plus de sa taxe ordures ménagères pour les trois années écoulées. C’est sans doute que le tri est ultra-performant dans les gendarmeries… Certaines collectivités seront probablement amenées à effectuer des coupes budgétaires afin de parvenir à boucler, elles aussi, leur fin de mois ; l’aisance matérielle dans bon nombre de communes relevant souvent de la légende urbaine.
Heureusement, M. Retailleau se veut rassurant. Pour faire court, ça n’est pas encore la banqueroute. Et le ministre d’affirmer, la main sur le cœur (aïe, il a dû pour une fois prendre en compte son côté gauche…), que les loyers impayés de septembre à novembre inclus, le seront en décembre. Ceci grâce à l’ouverture de nouveaux crédits en décembre. De là à dire qu’il faut désormais compter sur le chéquier du Père Noël, il n’y a peut-être pas loin.
En même temps, on ne peut que louer (là encore, le mot était facile !) la stratégie des gendarmes. Car depuis le 1er novembre et jusqu’au 31 mars de l’année prochaine, nous voici en pleine trêve hivernale, ce qui gèle (décidément Tonton Albert !) toute velléité d’expulsion. Ouf, les pandores sont à l’abri jusqu’au printemps ! Ne vous tracassez pas, M. Retailleau, il y a urgence à temporiser.
Par contre, si au printemps l’enveloppe apportée par le Père Noël n’est pas à la hauteur, qui donc se chargera d’expulser les gendarmes dont c’est parfois le boulot…
Pour la version à écouter, vous connaissez le chemin. C’est bien sûr vers le « pot de caste » de Radio G !. Cela démarre à 43’32.
Le père Noël ayant vu son budget bloqué suite à la censure d’un gouvernement non représentatif, qui fait suite à des résultats jugés non satisfaisants par notre président aux législatives de juillet, elles-mêmes provoquées par une sidérante dissolution de l’Assemblée nationale par ce même président, on peut donc considérer, en revenant à l’origine de la faute, comme au rugby pour sanctionner par pénalité, que si le coût fonctionnel des Gens d’armes (anciennement Gardens de la Paix) a drastiquement augmenté pour les communes et donc pour les habitants, c’est directement la faute à Macron.
Bref, c’est la saison de la galette, on n’a pas eu de frangipane, mais par contre, il nous faut tous avaler la fève, et ça coince un peu.
Pour autant, Socrate est toujours un chat. Car on n’est plus à un syllogisme ni à une incohérence près…