SNCF for ever

Comme de nombreux salariés désireux de trouver une alternative à l’usage de l’automobile, je dispose d’un abonnement SNCF sur le parcours qui mène de la gare la plus proche de mon domicile, jusqu’à Angers où je travaille. Les titulaires de ce type d’abonnement bénéficient par ailleurs d’une réduction de 50 % sur leurs autres voyages effectués en TER – TER, c’est l’abréviation de « Train En Retard » –  sur le reste de la région Pays de Loire. Des conditions indéniablement correctes. Ce qui fait qu’il m’arrive de me rendre à moindre coût, en des lieux desservis par une ligne que je n’emprunte pas quotidiennement.

Or, tout récemment, c’est précisément ce que j’ai fait au départ d’Angers… en me précipitant in extremis – moins d’une minute avant son départ – dans le dernier train en partance pour ma destination. Tout en reprenant mon souffle, j’aperçois la silhouette du contrôleur dans le wagon où je suis monté. Je me dis alors : Quand il passera, il m’établira un billet à 50 % comme c’est le cas d’ordinaire, lorsque je n’ai pas le temps matériel d’acheter mon billet. Ce qui ici, n’était plus à démontrer.

Ce que je m’empresse donc de demander à cet employé, dès qu’il s’approche de moi et avant même qu’il n’ait ouvert la bouche, en lui étalant sous le nez ma carte d’abonnement. Banal, et théoriquement efficace. Sauf que là, j’apprends très vite que je peux aller me faire voir  avec mon attirail d’abonné. Je dois lui régler la modique somme de 50 €, puisque je n’ai pas de billet. Ben justement, argumenté-je sottement, je vous demande précisément de m’en vendre un, car je n’ai pas eu le temps de l’acheter. D’ailleurs, vous m’avez bien vu entrer dans le wagon au dernier moment… En bon arracheur de dents qu’il est, mon interlocuteur niera. Ben oui, le bougre se doit de justifier son emploi en faisant du zèle. Son employeur exige du chiffre – quitte à fabriquer de toutes pièces du fraudeur – il ne va pas s’en priver ! C’est d’ailleurs à se demander si une portion des 50 € dont il m’arnaque ne lui revient pas sous forme de primes…

Je suis franchement décontenancé, car quelques semaines auparavant, l’un de ses collègues m’a obligeamment délivré sur ce même trajet, un ticket à 2.20 €. Les prix sont donc modulables au gré de l’humeur du jour. Un facteur de 1 à 22, une broutille ! Je découvre avec stupeur que ma bonne foi – façon « mes gros sabots point com » – m’est dans le cas présent, aussi utile qu’un tube de crème solaire dans un troglo.

J’apprends ainsi que je n’avais qu’à utiliser mon smartphone. Ah, que je rétorque, vous m’obligez donc à acheter un smartphone pour prendre le train désormais ?… Vous qui m’écoutez, pensez à avoir votre smartphone en règle avant de pénétrer dans un TER. Au passage, c’est un peu comme avec Bla Bla Car, si vous n’avez ni téléphone portable, ni carte bancaire, vous ne bougez pas de chez vous. Soyez connectés, bonnes gens, avant même d’être mobiles ! Passons…

Ce genre d’anecdotes finalement, se révèle fertile en enseignements variés. Déjà, quand j’entendrai qu’un contrôleur s’est fait molester sur son lieu de travail, je commencerai à nuancer l’information. S’ils se comportent tous de la même façon que le mien, un certain « retour sur investissement » est un risque que cette corporation serait bien avisée d’intégrer.

C’est en définitive ce qui arrive quand l’on confie, ne serait-ce qu’une parcelle de pouvoir, à de parfaits crétins incapables du moindre discernement, cela ne peut conduire qu’à des résultats autant prévisibles que déplorables. Le formatage managérial pratiqué sur les personnels travaillant en uniforme ne fait qu’attiser les différends entre ces professionnels et les citoyens qui ont affaire à eux. Le douanier ne voit qu’un trafiquant dans tout voyageur, le policier un délinquant dans tout citoyen, quoi de plus normal que le contrôleur de la SNCF ne perçoive qu’un fraudeur dans tout usager. En gros, on est plutôt mal barrés pour vivre dans une société conviviale.

Mais il y a tout de même une bonne nouvelle à la lumière de tout ceci. Une nouvelle que j’exprimerai sous la forme d’un vibrant appel. Monsieur Macron, si vous lisez cette modeste libelle, je vous exhorte à ne pas laisser moisir cet employé modèle entre La Roche sur Yon et Le Mans, ni à le laisser végéter entre Saumur et Laval. Car vous avez là, à portée de main, l’homme de la situation. Voilà quelqu’un qui vous remplira les caisses en moins de deux. Il a la méthode, je vous le garantis. Quelqu’un qui en toute circonstance, vous inventera un prétexte fumeux pour rançonner ses semblables, ça n’a pas de prix. La fin du déficit endémique de la nation est proche, si seulement vous intégrez un tel talent à votre équipe. Après, vous ne pourrez pas dire que Tonton Albert n’aura fait aucune proposition pour relever le pays…

 

Cette chronique peut aussi comme d’habitude, être écoutée via le podcast de Radio G !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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