My flyer is rich

Je vais vous parler aujourd’hui, de gens que j’affectionne tout particulièrement. Car contrairement à une légende véhiculée par certains, je ne déteste pas toute la création ! Et ces gens, pour lesquels j’éprouve le plus grand respect, ce sont les communicants. Parfaitement. Leur nombre et l’importance qu’on leur accorde dans notre modernité de tous les jours, sont allés croissant ces dernières années. Et je suis admiratif devant un tel essor… Pourquoi, me direz-vous, une telle frénésie de communication ?

Déjà, parce que pour exister, il est dorénavant indispensable d’être médiatisé. Et aussi, parce que moins l’on est dans l’action, plus il s’avère nécessaire de parler, de dire que l’on fait… ou que l’on fera. Bref, moins l’on agit, plus l’on s’agite. S’ajoute à cela ce fameux temps de cerveau disponible qu’il faut bien chercher à capter – voire, à « capturer » – de toutes les façons possibles et imaginables, parce que s’il l’on s’y prend bien, cela peut toujours permettre d’engranger un peu de monnaie.

Parfois, l’intention que l’on cherche à promouvoir est louable. Pour illustrer mon propos, j’ai apporté avec moi un intéressant échantillon de communication « grand public » concocté par des services zofficiels, destiné à mieux renseigner le chaland sur la vaccination anti-Covid. Eh oui, l’on n’y échappe décidément jamais ! Quoi que l’on fasse, il y a toujours un moment où la saga du virus nous revient en pleine poire, tel un jet de boomerang mal maîtrisé.

L’imprimé que j’ai déniché – le « flyer » comme l’on dit quand on a bénéficié d’un stage linguistique – a pour titre : Covid 19, je me suis fait vacciner, et ensuite ? ». Je l’admets, c’est un peu long comme titre Ça a l’air, comme ça, de dévoiler toute l’histoire qui va suivre, mais à y regarder de près, avec ce « et ensuite » qui se conclut par un point d’interrogation, l’on se rend compte en fait, que tout commence. Toute la question fondamentale de « l’après » est contenue dans ce « et ensuite ? ». Ah, ils sont forts, ces communicants ! Ils me font songer aux « répliquants » du film « Blade Runner », tellement ils sont dotés de capacités intellectuelles que je n’ai point.

Vous noterez cet emploi du « je ». Ça, c’est la grosse ficelle pour impliquer le badaud qui, en découvrant le flyer se dit du fond de son inconscient :

Ce « je » ?, sapristi, mais c’est moi ! ».

Oui, c’est toi, néo-vacciné(e), qui est la cible recherchée. Evidemment, avec Arthur Rimbaud et son célèbre « Je est un autre », le truc ne marche pas. De toute façon, Rimbaud ne souhaite plus se faire vacciner.

Mais ce « je », ici employé, possède une autre fonction, qui est déclinée en trois étapes dans ce flyer. Celui de te faire régresser à l’âge de huit ans, période où tu obéissais sans trop discuter à tes géniteurs. L’époque bénie entre toutes, où lorsque tu n’avais pas été sage, tu faisais des lignes, et des lignes… Tu recopiais la même ineptie de phrase 200 fois. Du genre :

« Je ne dirais plus que Tata Gisèle pique et qu’elle ne sent pas bon ; et je dois lui faire la bise quand même ! ».

Dans une certaine mesure, ce ton infantilisant des autorités sanitaires s’inscrit dans la continuité de celui adopté par les gestionnaires de la crise, depuis un an. Au moins, l’on trouve ici une certaine cohérence.

Donc, ce « et ensuite ? » débute par un premier volet intitulé : « je surveille mon état de santé ». Oui, parce que la personne fraîchement vaccinée est fatalement niaise. Elle n’est pas en capacité de s’apercevoir si son propre corps réagit bizarrement après l’injection d’un vaccin ; elle a besoin qu’on le lui rappelle. Suit une liste d’effets indésirables qui incite à la vigilance : douleur à l’endroit de l’injection, fatigue, maux de tête, douleurs musculaires ou articulaires, frissons, fièvre, poussée de tension.

Rien que de très banal. C’est d’ailleurs pour insister sur cette banalité, que le flyer annonce que tous les vaccins sont susceptibles de produire des effets indésirables. Ces troubles disparaissent rapidement » soulignent les communicants en ajoutant cependant :

Si les symptômes s’aggravent, ou s’ils durent plus de 48 heures, je contacte mon médecin traitant.

– Si je suis encore de ce monde ?… » serait-on tenter d’ajouter. Le flyer ne va pas toutefois jusque là. Il nous dit en gros : pas de panique tant que vous n’êtes pas à l’article de la mort, mais faîtes gaffe quand même.

Le volet 2 de cet imprimé est sans doute encore plus intéressant. Voyez plutôt. «Je continue à appliquer les gestes barrière et à respecter l’isolement ». Oui, on est un peu comme dans la punition au sujet de Tata Gisèle évoquée précédemment. Le flyer nous apprend que les vaccins réduisent la gravité des symptômes, mais pas la contagiosité.

Mais alors, si l’on doit « continuer à appliquer les gestes barrière scrupuleusement », la vaccination ne va pas permettre de retrouver la vie d’avant le Covid ?… Eh bien, non ! Et pourtant, on nous a vendu la vaccination comme étant le seul moyen de retrouver une vie normale. Ah, ce n’est pas demain que l’on va se refaire la bise, si l’on doit rester à plus de deux mètres des autres personnes, et conserver une muselière sur le bas du visage. Pire, on ne prendra plus jamais le métro…

– Mais si, Tonton Albert, on peut toujours s’entasser dans le métro. 

Ah, merci Kevin, mon neveu, tu me rassures ! La promiscuité non désirée avec autrui reste donc permise. Il n’y a que ce qui fait plaisir qui est interdit. C’est vrai, seul ce qui est agréable propage la maladie. Et puis, le travail, c’est la santé, ne l’oublions pas… Donc, tant que l’on est à son boulot, on ne risque rien.

– Mais dans ce cas, comment tu expliques tous ces clusters, ces contaminations groupées, dans les entreprises ?

Ça, Kevin, c’est juste la part d’incertitude liée aux statistiques. Tu noteras aussi, mon neveu, que jusqu’à présent, l’on nous martelait que si l’on ne se vaccine pas pour soi, on le fait pour les autres. C’était au temps jadis de l’altruisme pur sucre. Et puis, là, avec le Covid, patatras ! Tout s’effondre. On reste potentiellement contagieux même en étant vacciné. L’objectif consiste simplement à ne pas déclarer de formes graves de la maladie. En d’autres termes, exit les autres, on ne songe qu’à sa propre peau. Le discours centré sur le collectif se prend un coup de vieux. Tu vois, Kevin, il me semble soudain indéniablement un rien néo-libéral ce vaccin anti-Covid, avec son petit côté « tout pour ma pomme ». Finalement, il est totalement dans l’air du temps. Il est moderne, quoi !…

Le troisième volet du flyer « je reçois la deuxième injection » nous apprend que si l’on n’a pas déclenché de thrombose à la première injection, l’on a encore une possibilité de rattrapage à la seconde. Toutefois, j’ai cru comprendre que l’on ne pourra pas devenir accro(s) à l’Astra-Zeneca, qui d’ailleurs, pour des raisons de marketing, a désormais pris le pseudonyme de Vaxzevria. C’est tellement imprononçable que l’on a encore moins envie de se coller dans le gras du bras. Bref, la seconde dose qui sera injectée, proviendra d’un autre laboratoire… On imagine qu’il n’y a aucune incompatibilité entre les diverses formules injectables.

 Mais, dis-moi, Tonton Albert, s’il faut deux injections pour être vacciné(e), le titre de ton flyer « Je me suis fait vacciner », alors que je n’ai reçu qu’une dose, est un tantinet abusif, pas vrai ?

Ah, mais c’est bien observé, Kevin ! Les communicants seraient-ils donc parfois coupables d’approximations ? Je n’ose l’imaginer. Moi qui leur faisais entière confiance. A moins qu’ils ne soient, en définitive, que les porte-plumes de ceux qui sollicitent leurs services ? Va savoir…

En tout cas, j’ai l’impression que nous ne sommes pas sortis de l’auberge avec ce virus. De toute façon les auberges restent encore fermées, alors…

Bien évidemment, si vous préférez la version audio de cette chronique (qui comporte du reste quelques aménagements sonores), je vous invite à retrouver le « pot de caste » de Radio G ! en laissant traîner vos oreilles curieuses par ici. 

Cela démarre à partir de 6’15 ». Bonne écoute !

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