La BA du retour « à l’anormal »

Rassurez-vous, les boulettes angevines ont continué d’être produites pendant le confinement ! C’est l’avantage de la proximité ; l’on n’est pas tributaire des aléas liés aux importations. Il n’a cessé d’être répété durant toute cette période pour le moins délirante que nous venons de vivre : « il faut privilégier les circuits courts ! ». La production de boulettes angevines s’inscrit parfaitement dans cette démarche. Je vous en ai ramassé de belles, gorgées de soleil comme un fruit mûr. Tenez par exemple celle-ci, dénichée dans un questionnaire officiel Cerfa adressé à la mairie d’une riante commune de l’Anjou profond, dans le cadre d’une programmation de travaux :

AVEZ-VOUS RENCONTRÉ DES PROBLÉMATIQUES DE CAPACITÉ DE VOTRE RÉSEAU D’EAUX PLUVIALES PAR TEMPS DE PLUIE ?

Question fondamentale, s’il en fût, et qui réécrit en lettres d’or tout ce qui fait le charme des plus beaux pléonasmes. Pour un peu, on jurerait du Sibeth Ndiaye dans le texte. Bon, imaginons un seul instant que le réseau pluvial se mette à dysfonctionner par temps sec. Voilà qui serait novateur, non ? En même temps, maintenant que tous nos repères volent en éclat, l’on peut s’attendre à tout. Quand l’Administration vous envoie un contenu de ce tonneau-là, évidemment, ça déroute ; et du coup, la tendance à répondre un peu n’importe quoi se reporte sur d’autres questions. Ainsi, aux questions :

Est-ce que le territoire de votre collectivité dispose ou est limitrophe d’une commune disposant d’une zone conchylicole ?

Est-il situé en zone de montagne ?

La réponse a été « OUI » dans les deux cas. Et alors ? me diriez-vous. Bon, pour celles et ceux qui comme mon neveu Kevin, ne le sauraient pas ou feraient mine de l’ignorer, le point culminant de cette partie du Maine-et-Loire plafonne à 92 m. Pas de quoi aller chercher son piolet pour jouer ces « premiers de cordée » dont La République En Panne nous rebat les oreilles. Quant à la grande bleue, avant d’y tremper ses orteils, il faut patienter la bagatelle d’une heure de route. Evidemment, avec la fonte de la banquise qui nous est promise, la situation peut évoluer. La commune deviendra peut-être ainsi une coquette station balnéaire ? Qui de plus alliera le charme de l’océan à celui des alpages ! Mais que voulez-vous, le confinement qui sévissait depuis des semaines n’est sans doute pas étranger à ce vibrant appel d’air exprimé par l’élu(e) ayant rempli ce questionnaire.

Et puisque je parle de l’océan, un mot sur ceux qui y vivent et/ou en vivent :

Selon les travaux de l’Ifremer, près de la moitié des poissons pêchés et débarqués par les pécheurs français proviennent de stocks en bon état écologique.

Non, non, j’ai respecté l’orthographe d’origine de ces « pauvres pécheurs » !… Accessoirement, le fait que plus de la moitié des poissons capturés soient issus de stocks dans un état écologique précaire n’est donc que péché véniel… Ah, cette bonne vieille image de la bouteille à moitié pleine ou à moitié vide !

Revenons sur la terre ferme, pour parler d’habitat, et pour réjouir les matheux :

Un potentiel de 10 à 11 logements dont 10 % de locatifs sociaux.

Ce qui nous fait royalement une unité. Champagne ! Les plus modestes vont enfin pouvoir poser leurs cartons. Ou « comment déguiser la pénurie en opulence ». La recette n’est pas nouvelle ; pour gonfler un peu les apparences, redonner de l’allure, tout ça, rien ne vaut un petit pourcentage. En somme, les poissons ou le logement social, mêmes coups bas !

Et puis, pour conclure, une information qui devrait nous aider à gérer ce temps d’intense déstabilisation psychologique qui nous est tombée dessus. Je crois que j’ai déniché la personne ad hoc pour remettre de l’ordre dans les effets secondaires qu’ont induit la crise sanitaire et ces phases de confinement/déconfinement :

Entre nous, si avec un patronyme de cette trempe, elle n’est pas LA personne pour faire face aux conséquences d’une crise aussi inédite, eh bien, c’est… à désespérer.

3 commentaires sur « La BA du retour « à l’anormal » »

  1. Merci Albert pour ces informations.
    Les craintes sur l’avenir de la culture ont sans doute été écrites avant de connaître le nom de l’heureuse élue au Ministère de la culture. Ses succès à la santé devraient mettre à l’abri de tout risque sanitaire les artistes et leurs publics et plus particulièrement en Anjou.

  2. Je dirais même plus… « En somme, les poissons ou les logements sociaux, même coût bas ». il est vrai que le pauvres, pécheurs ou pas, coûtent un pognon de dingue, surtout avec l’arrivée du moustique tigre ! Grrr !

  3. Je crois qu’en termes de boulettes, la palme revient aux ARS dont je garde précieusement la prose pleine d'(économique) sagesse. La consigne date de fin mars; et il est écrit noir sur blanc et sans rire (j’ai bien cherché, pas le moindre smiley, pas la moindre émoticône, pas le moindre point d’exclamation en vue) que « le port du masque n’est pas pertinent en dehors des unités Covid ».
    Cette boulette là n’est pas angevine, elle est nationale, et n’est pas prête -je l’espère- d’être égalée !

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