Coffee or not coffee ?

Vous qui m’écoutez en « pot de caste » sur Radio G !, ne soyez pas surpris(e), ce n’est pas la bouteille habituelle que j’ai emportée avec moi. En effet, plus besoin de tire-bouchon. Un simple mouvement de rotation de la main, et hop, c’est du sans effort. Tu te demanderas, d’ailleurs, ami lecteur, amie lectrice :

D’accord. Mais qu’est-ce que tu fabriques, Tonton Albert, avec ce thermos ? Ça ne te ressemble pas !…

Eh bien, détrompe-toi, car même si je suis loin d’avoir un physique à la George Clownesque, le café est une boisson qui a son importance pour moi. D’où cette référence implicite à travers le thermos. J’avoue même que je me montre assez exigeant en matière de café. Toutefois, cette exigence n’est pas sans générer quelques difficultés.

– Lesquelles ?… » te demandes-tu, amie lectrice, ami lecteur.

Si tu le veux bien, prenons tout d’abord, l’exemple d’une sortie au restaurant. Et plus particulièrement, le moment où il va falloir dire au serveur si je poursuis – ou pas – avec un café ou si je m’en tiens au dessert. Coffee or not coffee, là est la question… » comme aurait pu s’interroger ce cher William qui, lorsqu’il se mettait aux fourneaux, ne faisait pas d’Hamlet sans casser d’œufs. Bon, je te l’accorde, celle-ci, j’aurais pu m’en passer… Désolé, ça m’a échappé. Je disais donc que l’après-dessert au restaurant est un moment à haut risque… surtout si le repas a été excellent depuis l’entrée. Si en cuisine, l’on a atteint le sans faute et que le vin s’est montré à la hauteur, l’on est évidemment tenté de dire « banco ! » pour un petit surplus de caféine. Sauf que la satisfaction générale, le bonheur ineffable ressenti sur nos papilles à mesure que s’y déposaient les saveurs les plus succulicieuses, peuvent voler en éclats avec l’ingestion d’un expresso insipide.

– Bah, si le café n’est pas terrible, ce n’est tout de même pas un drame ! » risques-tu de me dire, lecteur, lectrice, histoire de tempérer quelque peu ma déconvenue.

Un drame peut-être pas, mais une réelle déception assurément. Je dirais même, une déception capable de gommer tout le plaisir engrangé jusqu’alors. Car que retient-t-on, le plus souvent, d’une situation, d’une expérience, sinon leurs ultimes instants ? Et donc, si le café servi s’apparente à de l’urine de baudet, l’on en oublie les bons moments, relégués illico dans le passé, à l’aune de ces films pourtant palpitants, dont le dénouement s’avère bâclé. Non seulement, les souvenirs gustatifs les plus agréables sont promptement évacués de notre mémoire, mais l’on éprouve alors la détestable sensation ne s’être fait avoir, quand bien même l’on n’aurait avalé qu’une gorgée de cette chose. Je rappelle qu’un expresso au restaurant est rarement donné, et que quand c’est mauvais, c’est toujours trop cher. Et je ne dis rien du café gourmand qui pourrait bien faire l’objet d’une prochaine chronique…

Aussi, est-il plus prudent de conserver en mémoire le souvenir des mets les plus exquis plutôt que de tenter le diable qui, comme chacun(e) le sait, se cache dans les détails. Planqué entre la petite cuillère et le morceau de sucre.

Sauf si l’on est joueur, bien entendu. Dans ce cas, je conseillerais aux plus intrépides d’entre vous de stimuler votre sens de l’observation, histoire de mettre toutes les chances de votre côté.

Allez, je vous confie le petit truc que j’ai mis en place afin de limiter les dégâts. Ce n’est bien sûr pas une science exacte, pourtant j’ai remarqué qu’en regardant discrètement à quoi ressemblait le café qui était apporté à la table voisine, l’on parvenait à éviter bien des déboires. Si le café est dépourvu de toute onctuosité, passez votre chemin et limitez-vous au dessert. Idem si la tasse est moche. Je sais, c’est totalement subjectif, mais j’ai constaté qu’une tasse originale abritait généralement de délicats arômes, à l’inverse de la tasse de couleur marronnasse ou verdâtre.

Vous aurez immédiatement noté que pour que le truc fonctionne, il ne faut pas arriver trop tôt au restau. Laissez donc quelques cobayes défricher le terrain pour vous. En bref, évitez d’aligner l’horaire de votre diner sur celui en vigueur à l’EHPAD.

En revanche, je n’ai pas trouvé de recette miracle pour échapper à l’arnaque à peu près systématique qui sévit, hélas,… sur les aires d’autoroutes. Là, c’est sûr, on change de catégorie. Mais pas forcément de pratique. Déjà, il faut que l’automate fonctionne, et que l’on parvienne à comprendre – sans avoir un niveau bac plus 12 – de quelle manière cet appareil capricieux va vous délivrer ce que vous lui demandez, au fond d’un minable gobelet en carton.

Or, la dernière fois que je me suis trouvé face à ce type d’engin, je n’ai pas insisté et ai préféré tenter ma chance auprès d’un dispositif moins sophistiqué et me promettant un produit de qualité… Mais pour un montant prohibitif. 2.60 € en l’occurrence. Ah que je fus mal inspiré ! Rien qu’en regardant s’écouler le breuvage dans mon gobelet cartonné – ne pas s’imaginer qu’à ce prix-là, une vraie tasse vous est fournie ! – j’avais compris que ce serait le caniveau de dehors qui avalerait cette chose brûlante et imbuvable J’en étais presque à regretter que ce ne fut point de l’urine de bourricot, comme je le soulignais au début de cette chronique.

Il me faut par ailleurs relever que la firme qui propose ce genre de tisane précise, non sans humour, sur son site internet que chez eux, il a toujours été et sera toujours question de qualité, et que leur passion pour le café n’a d’égal que leur amour de le partager. Alors bien sûr, si l’on s’aligne sur ce qu’ingurgite la population étasunienne à longueur de journée, il n’y a rien à redire. En revanche, toute personne restant réfractaire à la standardisation des goûts et à la disparition des saveurs dignes de ce nom, ne pourra que s’offusquer d’être pris ainsi pour un benêt.

Que demande-t-on finalement à un café d’autoroute ? Juste qu’il vous tienne éveillé durant les 200 prochains kilomètres. Rien de plus. Là, le contrat a été rempli, mais c’est la colère qui m’a maintenu les yeux ouverts. En tout cas, abreuver le caniveau pour 2.60 €, il faut reconnaître que c’est fort de café. Aussi, je pense que désormais, le thermos de café maison m’escortera sur l’autoroute.

Comme d’habitude, la version pour les oreilles est disponible en cliquant par ici. Cela commence à 5’30 ».

1 commentaire sur « Coffee or not coffee ? »

  1. Ne viens surtout pas à Paris, cher Albert, si tu ne veux pas que la colère t’habite durant tout son séjour !!! 2,60 ? Mais c’est pas cher, vu de la capitale (où je ne mets jamais les pieds, on se demande bien pourquoi).

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