Eh bien non, je ne vais pas parler aujourd’hui, de la crise que traverse le monde agricole ! Chaque chose en son temps. Mais cela viendra, sois tranquille, lecteur, lectrice… Le terme de crise est d’ailleurs totalement impropre, étant donné le côté permanent du phénomène. Non, si tu le veux bien, je vais consacrer la chronique du jour à mon grand copain, j’ai nommé… Non, ce n’est pas Elon Musk ! Ah, je te sens déçu(e) !
Un peu de sérieux, je ne vais tout de même pas revenir sur les déboires d’un milliardaire qu’un tribunal du Delaware – au passage, paradis fiscal parmi tant d’autres, mais dont on ne parle que peu – vient de priver de son argent de poche. 56 milliards de dollars, juste de quoi faire un petit tour dans l’espace et hop, au lit !…
Mon grand copain, c’est bien sûr… le smartphone !…
Un ustensile qui est devenu tellement indispensable dans notre quotidien que l’on se demande comment l’on a pu survivre sans lui, durant toutes ces années qui ont précédé son apparition. Et avant de détailler les résultats d’une enquête qui vient d’être publiée sur les dérives comportementales que son usage induit, revenons brièvement sur le Festival Premiers Plans d’Angers qui s’est achevé dimanche dernier. Eh non, en dépit des apparences, je ne change pas vraiment de sujet !
En effet, pour cette 36 ème édition, en l’absence de smartphone, il devenait coton d’assister à la moindre séance, car désormais, il faut impérativement réserver sa place. Oui, comme pour s’offrir un voyage en avion ou une chambre d’hôtel. Il faut ANTICIPER. Hors du smartphone, point de cinoche ! Bonjour la spontanéité et la soif de découverte. Premiers Plans devient digne d’un périple à travers une contrée hostile où rien ne doit être laissé au hasard. Bon, je dois reconnaître, lors de précédentes éditions qu’il m’est arrivé de râler, quand après avoir patienté de longues minutes sous le crachin dans l’attente d’une séance, l’autocar de scolaires grillait la politesse aux autres festivaliers. Les scolaires qui débarquent à la dernière minute, c’est l’équivalent à « Premiers Plans » du car de Japonais qui investit un musée. Les cinéphiles malchanceux n’avaient plus alors qu’à passer les deux heures suivantes devant un expresso. Aussi, me diras-tu, lectrice, lecteur, qu’avec la résa passée depuis un smartphone, il n’y a plus ce désagrément !
Certes. Mais j’y vois surtout une solution de facilité pour les organisateurs qui pratiquent le transfert de charges, Dans notre monde postmoderne, c’est au voyageur, au festivalier, au client du banquier, bref au clampin lambda, de s’équiper de l’un de ces machins, sous peine de d’avoir plus accès à rien. Il est tout de même troublant qu’un festival comme Premiers Plans qui se targue – à juste titre ! – d’être ouvert sur le monde, participe ainsi activement à créer de l’exclusion.
L’intro, c’est fait, passons maintenant à l’étude promise. C’est une enquête qui a été menée entre le 20 avril et le 13 mai 2023, sur un échantillon de plus de 21 000 personnes dont l’âge était compris entre 18 et 89 ans. Elle a été conduite conjointement par deux organismes : l’Institut Rafaël qui soutient les malades atteints de cancers, et l’Observatoire Santé PRO BTP qui s’intéresse à de multiples thématiques ayant trait à la santé.
Les résultats sont édifiants, puisqu’il apparaît que la moitié des sondé(e)s passent chaque jour, au moins 1 heure 30 de leur temps de loisirs devant des écrans ; et l’on atteint même les deux-tiers des personnes dans la tranche des 18/39 ans. Sans surprise, le smartphone est le grand gagnant de l’affaire, car ce temps d’écran c’est pour lui dans 88 % des cas. Autre pourcentage révélateur, les personnes interrogées confient qu’elles saisissent leur smartphone dès qu’elles lèvent une paupière au petit matin (pour 53 % d’entre elles). Mieux, elles l’utilisent aussi bien à table (32 %) qu’aux toilettes (36 %), ou encore au lit (43 %). On se demande s’il reste encore, dans leur journée, du temps exempt de smartphone. Corollaire de ce constat, 71 % des personnes indiquent qu’elles ne pourraient pas se passer de smartphone ; une proportion qui grimpe à 86 % chez les 18/39 ans.
Toutes catégories d’âges confondues, 38 % de ces 21 000 personnes présentent, ni plus, ni moins, une addiction à leur smartphone. Si l’on extrapole à l’ensemble de la population française, voilà qui commence à faire du monde, pas vrai ?…
Les participant(e)s à l’enquête sont cependant lucides, puisqu’ils/elles déclarent passer trop de temps sur les réseaux sociaux (pour 40 % d’entre eux), ou se sentent mal à l’aise en l’absence de réseau ou quand leur batterie est déchargée (dans 57 % des réponses). Dans ces cas-là, le monde s’effondre. De plus, les deux-tiers des répondants ont conscience qu’ils pourraient faire des choses bien plus dignes d’intérêt plutôt que de passer autant de temps sur leur smartphone. Le smartphone, ou l’outil formidable pour combler le vide sidéral de nos existences ?…
Que l’utilisation effrénée du smartphone génère des troubles psychologiques ou d’ordre relationnel, c’est déjà du sérieux, mais il se trouve également que ce bel objet – ce nouveau compagnon de tous les instants – est susceptible de mettre ses utilisateurs en danger. Sur la route, tout particulièrement.
Ils sont ainsi 44 % à avouer s’en servir au volant, et plus d’un sur dix à demeurer les yeux rivés sur leur smartphone en marchant dans l’espace urbain, sans plus se soucier de ce qui se passe autour d’eux. Je pense même que ce pourcentage s’avère bien plus élevé, Place André Leroy à Angers, où j’ai observé un nombre incalculable de gens descendre des autobus et traverser la rue sans prendre la peine de regarder si la voie était libre….mais sans quitter, cela va de soi, cet écran si fascinant logé dans leur mimine. Là encore, transfert de charges ! C’est à l’autre de faire attention à moi. Eh, oh, l’autre voit bien que je suis occupé(e), non ? !…
Je sais qu’il faut vivre avec son temps, mais devoir s’adapter en étant entouré de zombies n’a rien de franchement stimulant.
Comme d’habitude, il existe une version pour les oreilles, vous pouvez y accéder par ici.. Ma diatribe sur le smartphone démarre à 4’39 ».
Alors… Que dire, si ce n’est que je lis cette rubrique sur l’écran de mon smartphone ??! Oui, ben c’est ça ou ouvrir l’ordi. Franchement, je ne vois pas trop la différence, à part celle de la taille de l’écran 🤔
Le smartphone, je suis terriblement pour. Il me rassure, m’évite les embouteillages, l’errance, l’angoisse même parfois. C’est un outil génial, ludique, pratique, intuitif. Il me documente, me distrait (et sans réseaux sociaux !!), m’informe, construit des ponts avec mes « proches » lointains.
Et je suis furieusement contre… mais surtout contre l’usage qu’on nous inflige, son diktat, son exclusion (des personnes âgées en particulier). J’ai ainsi vécu un voyage SNCF très compliqué parce que mon smartphone n’avait pas la mémoire suffisante pour télécharger l’appli qu’il m’aurait fallu, car non seulement le biniou est obligatoire à l’urbain qui souhaite se déplacer autrement qu’en bagnole, mais en plus, il faut qu’il soit dernier cri ! Bientôt, chez moi, les tickets de train seront dématérialisés. Comment lutter ?
Comme souvent c’est l’usage qui nous est imposé par la loi de la rentabilité qui vient pourrir ce bel objet, un peu à l’instar des caisses automatiques, présentées comme plus rapides, et qui nous privent du contact avec un humain, lequel pointe donc maintenant à pôle emploi, oups pardon « France travail » en novlangue ….
Il en a été de même d’internet avant. Finalement rien n’a vraiment changé. Nous voulions la liberté des savoirs et rêvions d’échanges humains, mais la libéralisation technologique et le libéralisme nous entravent. Jusqu’où iront ils, et jusqu’où devrons nous aller contre notre gré ?