Vous ne l’ignorez pas si vous avez lu l’une de mes humeurs précédentes : je boude l’information/désinformation sous toutes ses formes.
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Mais alors comment fais-tu, Tonton Albert, pour savoir qui est mort, qui a fraîchement décidé de confier son emballage corporel à l’appétit vorace de ses lysosomes, hein ? C’est important ça, de savoir qui a rejoint les rives du Styx et ne prend donc plus l’apéro sur le pont de son yacht, modeste barcasse qui ne quitte jamais ou presque le port de St Trop’, non ?
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Mon petit Kevin, (voir « Dis Tonton Albert, pourquoi tu ne lis plus la presse ? ») comment te dire ? Vois-tu, je pense viscéralement que je m’en contrefiche. Je m’en tape royalement le coquillard, et autres formules du même tonneau.
Je me souviens du regretté Pierre Desproges qui avait usé de cette formule restée célèbre :
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Quand Brassens est mort, je n’ai pas honte de le dire, j’ai pleuré comme un gosse. Par contre, quand Tino Rossi est mort, j’ai repris trois fois des moules !…
Tout est dit. Il y a les disparitions qui nous affectent, et celles dont on n’a rien à battre. En ce qui me concerne, celle d’Halliday se range dans la seconde catégorie. Bon, je n’ai pas sorti une bonne bouteille comme lorsque cette vieille saloperie de Margareth Tchatcher a passé l’arme à gauche (entre nous, c’était bien la première et dernière fois qu’elle était à gauche !), mais il est clair que je m’en cogne. Franchement. Éperdument.
Et puis, mon petit Kevin, pour répondre à ta question, il me suffit de traîner négligemment mon spleen caustique dans les rayons de ce supermarché de la culture que je ne nommerais pas et qui propose au chaland des mètres et des mètres linéaires de Marc Levy, pour être au parfum. En tête de gondole, il n’est pas rare en effet que ça sente le sapin. Les empilements de CD et autres DVD renseignent bien mieux qu’une consultation de la rubrique nécrologique du Figaro. Du reste, cela me permet invariablement de m’interroger : tiens, il n’était pas déjà mort, Untel ? ». Le piège étant naturellement, l’anniversaire de la mort de Trucmuche ou de Machin-Chose qui brouille quelque peu les cartes chez les distraits dans mon genre. Le « dix ans après » (rien à voir avec un groupe pop des années soixante-dix !) étant dans le genre une pratique assez courue, et de ce fait déroutante pour qui ne tient pas ses fiches de cadavres du show-biz à jour. Que voulez-vous, la France entière adore les dépouilles fumantes !…
Mais revenons à l’idole des plus trop jeunes…
Que l’on encense autant un évadé fiscal notoire me laisse toujours une impression bizarre. Il faut reconnaître qu’avec un éminent banquier à la tête de l’Etat, il n’y a rien de vraiment surprenant. Les banquiers et les évadés fiscaux ont toujours eu des intérêts en commun. Est-ce cette connivence de classe sociale en quelque sorte qui a incité le président de la République à mouiller autant la chemise pour un chanteur de variétoche ?
Je me suis toujours dit : le jour où Halliday meurt, on est partis pour une semaine de deuil national.» Là, on n’en était pas loin, mais l’éloge funèbre façon funérailles du Père Hugo, il fallait oser. Et les médias osèrent. Ad nauseam. Déjà, pour le pape voici de cela quelques années, ils en avaient fait des tonnes, mais là, on était carrément dans la mégatonne. Même moi qui vis tel un reclus dans ma cambrousse, j’en ai entendu causer. C’est dire !
Bon, ce qui est amusant finalement, c’est de voir que l’histoire bégaie. Ben oui, le syndrome Piaf/Cocteau a frappé à nouveau. Vous vous souvenez :
– Cocteau est mort !
– Qui ?
– Cocteau !
– Ah ouais, mais tu as vu, c’est dingue, cette pauvre Edith qui est mooooorte !…
Que voulez-vous, il y a des morts prioritaires pour les médias ! Et c’est Jean D’Ormesson qui cette fois-ci en fait les frais. Quelle idée aussi de mourir en même temps que Johnny Halliday ! Franchement !
Entre nous, voir un immortel qui décède, ça frise un peu la supercherie, non ? Quoi qu’il en soit, l’intense regard bleu de Jean D’Ormesson s’est éteint quasiment dans l’indifférence générale. Est-ce que Le Figaro lui a consacré plus de lignes qu’à l’exilé fiscal nommé plus haut ? Je l’espère pour lui.
En tout cas, il me paraît opportun d’avancer un seul conseil : Célébrités que vous êtes, méfiez-vous ! Prenez garde que plus grande célébrité que vous – un bon « pipole » fait évidemment l’affaire ! – ne vienne vous voler la vedette au jour de votre mort. J’ai déjà dit qu’il était prudent de bien choisir les gens avec lesquels l’on comptait faire naufrage, voilà qu’il ne faut pas non plus prendre à la légère celles et ceux qui prennent le bus des VIP en même temps que vous pour filer chez St Pierre.
Allez, pour conclure sur une note un peu plus légère, sachez que je suis infiniment reconnaissant à Johnny Halliday pour une chose. Grâce à lui, l’on a pu recycler nombre d’histoires belges pour en faire des blagues taillées sur mesures. Comme celle-ci :
Johnny est super content. Il laisse éclater sa joie auprès de l’un de ses copains :
– Ah que je suis content ! Ah que j’ai terminé mon puzzle !
– Ah ? Et tu as mis combien de temps, Johnny ?
– Ah que ça m’a pris 6 mois !
– Et il y a combien de pièces à ton puzzle ?
– 45 !
– Quoi ? Tu as mis 6 mois pour finir un puzzle de 45 pièces ! Et tu es content ?…
– Ah que oui je suis content. Sur la boîte, c’est marqué de 3 à 6 ans !
Bref, inoubliable Johnny !…
J’ai su que le Johnny était mort dès le saut du lit, ayant été extirpée brutalement du sommeil par la voix de l’idole suintant de mon radio-réveil pourtant réglé sur FIP. Oui, monsieur, même sur FIP ! Comme le disait Graeme Allwright : « ça j’l’aurais jamais cru » …
Ad nauséam, oui, complètement d’accord avec toi. Une nausée mêlée de colère devant cette indécence républicaine.
Du vin, des jeux et des idoles à aduler. Le bon peuple décervelé ronronne.
Prenant mon poste en EHPAD, j’ai appris par la voix affectée de ma cadre que Johnny était mort…
N’ayant pas de pensionnaire portant ce prénom (ridicule au demeurant) , j’en ai donc tiré les conclusions que je m’en foutait, voire même, que j’étais soulagée.
La journée a passé, rythmée par les chansons d’hommage diffusées par « Chant de France », sans autre décès à constater que celui de ce chanteur qui ne m’a jamais plu.
Une bonne journée donc, même si on y aura entendu beaucoup de soupe ^^
Ton texte sonne juste, mais il faut reconnaître que Monsieur SMET aura marqué plusieurs générations, dont je fais partie.
Certes un hommage s’imposait, mais pas dans le délire médiatique qui s’en est suivi !!!
Quant au grand Monsieur d’ORMESSON, il l’a dit lui-même lors d’une interview télévisée, « il ne faut pas mourir le même jour qu’une célébrité ». PAS DE CHANCE !!!
Condoléances jubilatoires !