SNCF (le retour… faute d’avoir eu droit à l’aller)

Aujourd’hui, mon cher neveu, histoire de changer, je vais te parler de mon entreprise favorite.

– Veolia ?…

Non, Kevin, l’autre.

– La SNCF alors ?…

Ben oui. La SNCF. La dernière fois que je devais venir à Radio G, c’était le 28 mars. Certes, Topette ! faisait relâche, mais pas Michel Boutet. J’étais donc censé participer, comme chaque quinzaine, à « Qu’est-ce que vous me chantez là ! ». C’était sans compter bien sûr, avec les caprices de l’as français du transport ferroviaire. Car l’aurais-tu deviné, mon cher neveu si souriant, j’appris en arrivant à la gare de St Mathurin que mon train – celui de 14h09 – était supprimé.

– Ben Tonton, tu pouvais prendre le suivant…

Sauf que le suivant ne me permettait pas d’arriver à l‘heure à l’émission. Dans nos cambrousses, vois-tu, les trains sont tout de même plus rares que les punaises de lit dans les hôtels parisiens… Crois-tu que la SNCF aurait mis en place un service de remplacement, par autocar, par exemple ? Ça ne leur est même pas venu à l’esprit.

Quand un train est supprimé, il faut taper aussitôt sur son smartphone WWW.démerdensiesich.com. Pour la SNCF, les gens qui voyagent par le train (ou qui essaient de le faire) sont très joueurs. Ils tentent leur chance. Un peu comme au casino. Et s’ils ont un train, ils sont bien contents d’avoir gagné. S’ils n’en ont pas, ça n’est pas bien grave. Ils prendront le suivant… s’il y en a un.

De toute façon, ils ne sont pas pressés. Et puis, les bagnoles, ça n’est pas fait pour les chiens. Euh, comment ça, le transport ferroviaire, c’est fait pour réduire le nombre de voitures sur les routes ? Alors, là, encore une légende urbaine ! L’existence d’une possibilité de transport par le rail ne se justifie qu’en raison de l’actionnaire qu’il y a de caché derrière. D’ailleurs, je subodore que ledit actionnaire n’est pas étranger à ce qui va suivre.

– Ne me dis pas que tu as encore un autre grief contre la SNCF ?…

Ben si ! J’avais envisagé de me rendre – non pas à l’évidence – mais à Nîmes, chez des amis. Je comptais évidemment, étant donné la distance, y aller par le train. Très vite, en gros dès que j’ai commencé à tapoter sur mon clavier pour dénicher un billet, j’ai compris que ça allait s’avérer coton. Pas de train direct. Et pourtant, je me souviens qu’il y en avait un naguère au départ d’Angers. Je l’avais pris ce train qui était bien pratique.

– Tu me refais le coup du « C’était mieux avant… », c’est ça, Tonton ?

Moque-toi, jeune impertinent !… En fait, ce train direct existe toujours, sauf qu’il démarre à 5h29 le matin. A moins de dormir devant la gare, pas gagné de l’attraper.

– L’avantage, c’est qu’il te fait arriver de bonne heure à destination…

Tu as raison, il faut voir la bouteille encore au quart pleine… Mais il y a heureusement d’autres solutions suggérées – si l’on n’est pas du genre matinal – par la SNCF. Bizarrement, ça se corse au niveau du nombre de correspondances, cela peut aller jusqu’à trois, quand en plus, on ne vous suggère pas d’opter pour un déplacement en voiture jusqu’à la gare suivante.

J’ai relevé aussi que le retour pouvait être encore plus fantaisiste (le « F » dans SNCF doit signifier « fantaisiste »). Ainsi, le trajet retour n’emprunte pas le même itinéraire que l’aller. On espère qu’il y a là une cohérence. Elle m’échappe en tout cas totalement.

Mais le must, c’est évidemment le tarif. Remplie d’humour, la SNCF n’hésite pas à employer la formule « dès 180 € ». Sous-entendu, on vous fait franchement une fleur en ne vous demandant que 180 €. Pour l’aller, bien sûr. Il faut rajouter au moins autant pour revenir. A ce prix-là (je parle encore de celui de l’aller), je peux me rendre à Marrakech… et même en revenir. J’ai vérifié. Evidemment, pas en train.

– C’est vrai, ça, Tonton. Pourquoi ne vas-tu pas plutôt à Marrakech ?

Parce qu’il n’y a pas de vestiges gallo-romains !… Faudra-t-il bientôt braquer une banque pour se payer un billet de train ? Bonne question, n’est-ce pas ?… Bref, tout ceci m’interroge. Comme si la SNCF n’avait jamais entendu parler du bouleversement climatique en cours et de l’impact du transport sur cette détérioration du climat. Ou alors, c’est à se demander si le PDG de la SNCF n’est pas de la famille de Claude Allègre. A propos, que devient-il ce négationniste de l’évidence climatique ? On n’en entend plus parler…

Tu vois, Kevin, je me souviens d’un slogan de jadis. Quand la SNCF cherchait encore à faire voyager les gens et pas simplement à jouer avec leurs nerfs. C’était : A nous de vous faire préférer le train. »

Aujourd’hui, il semblerait que l’heure soit plutôt à :

Nous allons vous faire préférer la bagnole ! ».

Et pour la version audible (mais sans Kevin, bien sûr), rien de plus facile, il suffit d’aller chercher le « pot de caste » de Radio G !. Cela commence à 5’34 ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *