Un sanglier de passage au tabac

Avant de démarrer cette première (mauvaise) humeur de 2024, j’ai choisi de revenir sur un détail qui, à mon sens, illustre assez bien cette St Cholestérol qui s’est achevée voici moins d’un mois… Oui, lecteur, lectrice, je veux bien sûr parler des « Fêtes de fin d’année », autrement dit de « la trêve des confiseurs » ?…

Et à propos de confiseurs, as-tu remarqué, lectrice, lecteur, la similitude que l’on peut trouver entre mes chroniques radiophoniques (les bouteilles aux trois-quarts vides) et les boîtes de chocolat offertes à Noël ? Non ? Vraiment pas ?…

Ah, tu me déçois !… Franchement, tu ne trouves pas qu’elles sont un tantinet « aux trois-quarts vides », ces boîtes de chocolat ? Et que si l’on y fait un peu attention, l’on peut même avoir l’impression qu’elles renferment bien plus d’emballage que de chocolat. Ce qui revient à dire que les chocolatiers vendent le carton au prix du chocolat. Je n’hésite d’ailleurs pas à faire un parallèle avec ces jambons industriels auxquels l’on a ajouté des polyphosphates, un additif alimentaire qui évite entre autres, au jambon de sécher… et qui permet accessoirement de vendre le jambon au prix de la flotte.

Dans le cas du chocolat, sachant que le prix du chocolat noir – plutôt haut de gamme – se négocie autour de 20 € le kilo et que le prix du carton tourne, quant à lui, autour de 2.90 €, l’on voit tout de suite la belle opération que font les chocolatiers en utilisant beaucoup de « packaging » – comme l’on dit à l’Académie Française – dans leurs boîtes toutes jolies. Comme en plus, il n’est pas rare de trouver dans certaines de ces boîtes un descriptif de son contenu plié en trois ou en quatre, il devient difficile, faute de place, de déposer un second étage sur les friandises qui en tapissent le fond. Que veux-tu, ami lecteur, amie lectrice, l’information du consommateur est à ce prix ! En tout cas, vu de ma fenêtre, j’ai comme l’impression que c’est le consommateur qui est « chocolat » dans cette affaire ! Et si en plus, il n’a pas de bras, il a tout gagné, le consommateur !… Aussi, l’aurez-vous compris, continuez à manger du chocolat (c’est bon pour le moral !), mais choisissez-le emballé de façon très minimaliste.

Mais au-delà de ce constat fort en cacao, j’ai déniché à la toute fin de 2023, une anecdote qui a retenu mon attention ; c’est donc tout naturellement que j’ai songé à en faire le sujet de cette chronique. Et quand j’emploie l’adverbe « naturellement », je le fais avec une pointe d’ironie.

Rendons-nous sans plus tarder, non pas à l’évidence, mais à Ballan-Miré, riante commune d’Indre-et-Loire située à un jet de pierre au sud-ouest de Tours. Et plus précisément, allons de ce pas allègre qui est le nôtre, place de la mairie, devant la vitrine du bar-tabac local, dénommé le « Sainte Rose ».

Sois d’emblée rassuré(e) amie lectrice, ami lecteur, je ne vais pas me mettre à fumer. Ce n’est nullement ma grande résolution pour 2024 que de soutenir – à mon échelle – l’industrie du cancer du poumon !…C’est juste que le 28 décembre dernier (il y a donc de cela juste quelques semaines), un client quelque peu inhabituel s’est précipité dans ladite vitrine du Sainte Rose et l’a percutée à deux reprises, et ceci en plein milieu de la matinée.

Eh non, ce n’était aucunement une audacieuse tentative de cambriolage à la voiture-bélier. D’une part, parce qu’aucun véhicule n’a été utilisé, et d’autre part, parce que le piéton faisant ce lèche-vitrine un peu violent était un quadrupède n’ayant rien de domestique, puisqu’il s’agissait… d’un sanglier. Pas banal, n’est-ce pas ? Ayant été pour le moins mal accueilli (les patrons du bar-tabac n’ont pas fait entrer l’animal dans leur établissement), le sanglier a renversé quelques tables et chaises placées en terrasse. La clientèle du bar-tabac se montrant frileuse en ce début d’hiver, personne n’a eu à subir de près ce coup de colère imputable au refus de vente des buralistes.

Bien sûr, les origines de ce genre d’incident mettant de l’ambiance dans les centre-bourgs de Touraine peuvent s’avérer multiples. Ecartons d’emblée le distrait réalisant quatre jours après le réveillon qu’il a oublié d’offrir un cure-pipe à son Tonton Eugène.

En revanche, ne faut-il pas plutôt y voir la preuve de cette inquiétante désertification de nos campagnes, jadis si populeuses et si bien équipées en commerces de proximité ? Je ne sais pas si tu as conscience, toi le/la résident(e) des contrées urbaines, des difficultés que la population sylvestre – dont c’était d’ailleurs la fête il n’y a pas si longtemps – rencontre à dénicher en plein bois un tabac ouvert ? On peut évidemment ramasser des champignons dans une futaie, mais trouver des cigarillos au détour d’une clairière, c’est autrement plus coton. Et devant ce sous-équipement criant de nos forêts – fussent-elles domaniales et donc dépendant du bon vouloir de l’Etat – le sanglier accro à la nicotine se voit contraint de gagner, à pattes, la ville la plus proche, pour quérir son paquet de clopes. Il n’y a déjà pas de commerces, alors je te laisse imaginer, toi qui peux me percevoir comme un chantre de la ruralité, le niveau de desserte en transport en commun…

Ah, si tu savais comme l’on s’ennuie en forêt ! Les soirées y sont interminables, surtout en hiver, alors fumer, ça fait passer le temps… Et puis, à force de nous fréquenter, les animaux adoptent nos mauvaises habitudes de vie. Déjà que les animaux domestiques souffrent de diabète et développent comme nous des cancers. Aussi n’y a-t-il plus rien d’étonnant à voir des sangliers débarquer au tabac du coin.

Je n’ajouterai pas que cette pauvre bête venait faire son tiercé. Que l’on ne me fasse pas affirmer ce que je n’ai pas même susurré. De toute façon, je n’ai pas l’information. La presse locale n’indique pas si le Sainte Rose fait PMU. Par contre, toi qui possèdes une âme de troubadour, tu as certainement remarqué que l’on pouvait, assez aisément, faire rimer « sanglier » et « cendrier ». Bon, il est toutefois vraisemblable de penser que notre sanglier fuyait un danger. Non, il n’était pas poursuivi par Obélix, mais par les organisateurs d’une battue. Ce qui est certainement pire. Décidément, on n’est plus en sécurité nulle part !

En tout cas, une chose est sûre, ce sanglier s’invitant au centre-bourg de Ballan-Miré y a fait un sacré tabac.

Cette anecdote rapportée par plusieurs quotidiens régionaux, existe bien sûr dans sa version dialoguée. Comme toujours, mon complice Pierre-Benoît me donne la réplique, et c’est disponible sur le « pot de caste » de Radio G !.

Cela démarre à 3’33. Bonne écoute !

3 commentaires sur « Un sanglier de passage au tabac »

  1. Sur le fondement de l’article 49, alinéa 3, de ma Constitution (sanglière), j’engage la responsabilité de mon Groinvernement sur l’ensemble du projet de bois en terrasse du Sainte-Rose à Ballan-Miré.
    Et qui vivra verrat.
    Point barre.
    Signé : Ben Hure

    1. Je me doutais bien que cette anecdote d’un porc ex-porc était de nature à t’inspirer, Mme Cachou. Et encore, j’ai le sentiment que nous avons évité le pire. Marc Hassin aurait pu y mettre son groin de sel…

  2. excellent, excellent !!!!
    Vous nous en bouchez un groin. Nous ne pouvons que nous incliner devant Albert et Cachou.
    Bravo 🙂

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