Une boulette 100 % « culturelle »

Les idées reçues sont bien souvent tenaces. Ainsi, j’entends régulièrement des choses du genre :

– Oui, bien sûr, la culture !… mais entre nous, c’est passablement ennuyeux.

J’en ai même entendu certains user d’un adjectif bien plus explicite évoquant sans ambages le transit intestinal, en s’accompagnant d’un soupir éloquent. Façon pneu de vélo subitement crevé.

Souvent en « première ligne » de cette méfiance exacerbée de la part d’une partie de la population, l’on trouve l’antenne de France Culture. Qualifiée par d’aucun(e)s de trop élitiste, et surtout, de « pas drôle pour un sou ».  Eh bien, non seulement je m’inscris en faux contre cette perception, mais de surcroît, j’apporte ci-dessous les preuves que cette chaîne peut parfois déclencher l’hilarité, ou du moins chez les plus réfractaires à la rigolade, susciter a minima un rictus amusé. Bref, j’aurais pu intituler cette nouvelle boulette : « Rions avec France-Culture ».

Il n’y a pas si longtemps, j’avais ainsi mis en exergue un dérapage orthographique pioché sur le site France Culture.fr mettant en scène le Père Noël, son traineau et ses reines (sic). Voilà qui mettait la barre assez haut en matière de dysorthographie créatrice.

Le site a visiblement de la ressource, car il y a peu, j’assistai à une récidive. Cette fois, ce n’était plus Santa Klaus, mais François Baroin qui en faisait les frais. Dans le cadre de l’émission « Entendez-vous l’éco ? », l’on pouvait lire en effet :

– François Baroin, maire de Troie et président des maires de France, sur le rapprochement entre le public et le privé (source : Europe 1)

De là à dire que François Baroin est déjà un « cheval de retour », il n’y a pas loin. Quel destin funeste tout de même, être maire d’une ville détruite par les Grecs voici de cela plusieurs millénaires ! D’où peut-être l’expression « faire (le) ménage à Troie » ? Quand on sait que M. Baroin est également Président des Maires de France, l’on peut y voir, comme un symbole redoutable pour les collectivités locales en notre Macronistan adoré.

Ce décalage temporel peut aussi se rencontrer chez les personnes invitées à participer à une émission. Emission qui incite, en raison de l’enthousiasme généré par la cause à défendre, à produire toutes les approximations et erreurs possibles. Comme ici, dans la bouche d’une responsable d’association œuvrant pour que le rôle de la France dans l’esclavage ne soit pas occulté :

– Je n’oublie pas que Colbert a rétabli l’esclavage en 1802.

Certes, il est essentiel d’effectuer un travail mémoriel au sujet de l’immonde traite négrière. Toutefois, il ne faut pas non plus que la mémoire précisément joue des tours à celles et ceux qui ont entrepris de la préserver. Car dans cette affaire, Colbert – que paraît-il Louis XIV appelait familièrement « mon canard » – possède un alibi en ébène : en 1802, il était mort depuis plus d’un siècle.  Pour ce coup tordu de la reprise de la traite, le responsable n’est autre que Napoléon Bonaparte, le plus célèbre des bandits corses. C’est lui, durant le Consulat, qui a rétabli l’esclavage aboli par la Convention.

France Culture a d’ailleurs apporté sur son site un rectificatif bienvenu sur ces propos mal maîtrisés :

Une confusion s’est introduite à la fin du débat diffusé en direct. C’est Napoléon Bonaparte qui a rétabli l’esclavage dans les colonies françaises avec la loi du 20 mai 1802. L’esclavage avait été aboli par la Convention, une des assemblées de la Révolution française, le 4 février 1794. Colbert a élaboré le Code noir au XVIIe siècle.

On voit que la véracité historique vacille parfois. Qu’en est-il des sciences, et notamment de la biologie ? Eh bien, c’est d’un très bon niveau aussi ! C’était le 8 mars dernier, à l’écoute de l’émission « la Méthode scientifique ». S’il y avait un jour pour parler d’un élément de l’anatomie féminine, le clitoris en l’occurrence, c’était bien ce jour-là.

Et parmi les participantes à l’émission, j’ai eu le plaisir de découvrir  la présence de Laura Berlingo, gynécologue obstétricienne à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, autrice de « Une sexualité à soi » aux éditions des Arènes.

Vous me direz (et vous aurez raison !) que cette boulette n’en est pas vraiment une et qu’elle relève davantage du nom prédestiné. C’est évident, mais autant de prédestination dans le patronyme force le respect… autant qu’il stimule les zygomatiques.

A bientôt pour de nouvelles boulettes. N’hésitez pas à m’envoyer celles que vous dénichez de votre côté. Elles trouveront leur place dans cette rubrique.

 

 

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