A-coup fan (acte 4)

Premier à-coup fan de l’année 2023. On espérant que ce ne soit pas le dernier ! Bah, pourquoi donc ?… Tout simplement, parce que tout est possible, surtout le pire. Ben oui, « année nouvelle » ne rime toujours pas avec « optimisme viscéral »… Et ce n’est pas l’annonce du décès de l’écrivain Russell Banks qui va me remonter le moral. D’autant que Donald Trump, lui, est toujours bien vivant.

Eh bien, Michel, nous voici repartis pour une nouvelle année riche en chansons et en « à-coups fan » ! Et le fait que je traîne une otite que je qualifierais de persistante, ne va guère arranger les choses, au moins sur le plan des « à-coups fan »…

J’ai bien noté, lors de notre dernière émission de décembre, que tu souhaitais nous voir démarrer 2023 avec de l’enthousiasme à revendre. Qu’il y ait du rythme, sacrebleu ! Et surtout qu’il y ait de la bonne humeur. Il va sans dire que je souscris pleinement à ce souhait. Il est sûr que cela ne nous fera pas de mal, plutôt que de nous lamenter sur notre sort de misérables mortels qui ne faisons rien qu’à scier la branche sur laquelle nous sommes assis.

Emporté non par la foule, mais par une prophétie un rien hasardeuse, tu avais promis, mon cher Michel, lors de cette ultime émission de 2022, qu’il n’y aurait pas – juré, craché ! – de chanson d’Eric Frasiak incluse à la play list du « Kess que voum chantez là » d’aujourd’hui. C’était de ta part, une erreur. Car c’était en effet mal connaître mon côté farceur doublé d’un penchant avéré pour la contradiction. Sincèrement, tu me voyais aller chercher, avec docilité, quelque rengaine dans ma discothèque, et te donner satisfaction ? Non, Michel, il était bien trop tentant, pour moi, à t’entendre prononcer cette sentence fatidique – il n’y aura pas de Frasiak la prochaine fois ! – de désobéir. Et puis, il faut bien admettre que c’est un peu de ta faute aussi. Si tu ne m’avais pas fait découvrir le nouvel opus de l’ami Eric, « Le tumulte des choses », nous n’en serions pas là, et qui sait, j’aurais peut-être pu aller te dégoter un truc aussi pénible que du Luis Mariano ! Aïe, aïe, aïe !… Avoue que tu préfères, et de loin, que je réchauffe du Eric Frasiak.

Bon, je ne te cache pas que je me suis un peu retrouvé dans l’embarras. Non, Michel, pas dans le débarras, « dans l’embarras » ! Car ce « Tumulte des choses » regorge de réelles pépites, et j’ai hésité un moment avant de prendre ma décision. Comment par exemple trancher entre ces deux chansons que sont « Le trou de mémoire » et « Trop de mots dans mes chansons » ? D’un côté l’omniprésence d’une clarinette klezmer (petit clin d’œil aux origines polonaises du gars Frasiak), et de l’autre, le rythme entêtant d’un bon vieux boogie de derrière les fagots ? Pas facile, n’est-ce pas ? Que ce choix s’avérait cornélien !…

Finalement, c’est une réminiscence cinématographique qui a fait pencher la balance en faveur de « Trop de mots dans mes chansons ». D’ailleurs, peut-être l’as-tu toi aussi, mon bon Michel, cette référence au septième art ? Il s’agit d’une scène du film de Milos Forman – « Amadeus » – qui m’est revenue en mémoire.

Mozart connaît un triomphe avec l’un de ses opéras ; cependant, ce triomphe bascule soudain dans le succès relatif, quand l’empereur d’Autriche qui s’y connaît autant en musique que moi en placements boursiers, se permet de critiquer la dernière composition du génial musicien. Oui, bien sûr, c’est très bien… pontifie-t-il, mais il y a trop de notes. Stupéfaction sous la perruque du petit père Wolfgang. Trop de notes ? Ben oui, garçon, les oreilles impériales ne sont pas aussi réceptives à ton art que tu l’aurais cru. « Trop de notes » chez Forman, « trop de mots » chez Frasiak, je me demande s’il ne faut pas voir, là, comme un cousinage ? L’incompréhension à laquelle l’artiste est parfois soumis ? Une sorte d’effet boomerang de la création.

Quoi qu’il en soit, Frasiak décide de jouer sur cette corde (oui, je l’admets, elle était facile, celle-là !) du descendant de poète maudit confronté aux stéréotypes de la chanson calibrée pour s’insérer entre les publicités. Et cela donne un gros flash de bonne humeur. Car Eric Frasiak va avoir recours aux clichés auxquels on s’attend (non, Michel, je ne parle pas de Lucifer !…), pour dépeindre la saga du gars qui a réussi dans la chanson,… à la condition sine qua non qu’il n’y ait pas trop de mots dans ses ritournelles. Contrat que ne respectent évidemment pas les chansons d’Eric Frasiak.

Les couplets s’égrènent donc un peu sur le ton de « si ma tante en avait », pour voir s’afficher sur nos visages les signes d’une franche rigolade.

Puisque je vous devine en train de saliver, vous qui m’écoutez, voici quelques morceaux choisis :

J’aurais vraiment une vie de dingue

Des lignes de coke, une ligne de fringues

Ou encore :

J’aurais des millions de followers

Sur Insta, Facebook et Twitter

Du merchandising pour mes fans

Qui pour moi, donneraient un organe

Vous l’aurez compris, Frasiak ne craint pas de pousser le bouchon trop loin. En même temps, quand on voit ce que parviennent à obtenir certains influenceurs et autres influenceuses, l’on se dit que l’ami Eric reste encore en deçà des stupidités qu’autorise l’accès à la célébrité. Surtout si elle est notoirement surfaite.

En tout cas, nous sommes bien heureux de savoir que Frasiak n’a rien du businessman cynique dont il s’est amusé, le temps d’une chanson, à endosser le personnage.

Avant de vous laisser en compagnie du ptit gars de Bar-le-Duc, sachez que le Prieuré de St Remy la Varenne que je ne vous présente plus, aura l’immense plaisir d’accueillir Eric Frasiak et son fabuleux complice Jean-Pierre Fara, aux guitares, le samedi 13 mai prochain. Qu’on se le dise !

Allez, on écoute Eric… Et puis aussi, toute l’émission concoctée par le gars Michel Boutet. C’est plein de bonnes choses pour les oreilles. D’ailleurs, je suis resté jusqu’à la fin. C’est bien la preuve que la play list était du meilleur niveau, non ?

                                                                                              

                                                                                                

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