La boulette de la rentrée

Même s’il n’est pas encore achevé – au sens de « retourné à la poussière »-, l’été 2021 n’aura pas été inoubliable. C’est le moins que je puisse écrire. Pour la plupart d’entre vous, déjà privé(e)s de soleil, je vous ai également privé(e)s de boulettes. Désolé. Je pensais effectuer une livraison courant juillet, voire dans les premiers jours d’août, et patatras, la récolte a pourri sur pied. Or, il ne faut pas trop diluer la boulette, si l’on souhaite qu’elle croustille. Alors, pensez donc, avec toute cette flotte !… J’ai donc été contraint de repartir en chasse pour vous rapporter quelques spécimens convenables, et épargnés par le mildiou.

Heureusement, Brigitte, une sympathique lectrice, m’a apporté son concours, au travers d’un cliché glané dans une région qui naguère s’appelait encore la Picardie. Vous seriez mal inspiré(e) de dire que cette photo ne casse pas des briques. Elle révèle plutôt, selon mon humble avis, cette peur viscérale du manque. De quoi demain sera-t-il fait ? Et si même les briques venaient à faire défaut, hein ? Vous y avez songé ?

Après autant de détresse ainsi exprimée jusqu’à bourrer une ancienne boîte aux lettres « ras la gueule », dégustons quelque chose d’un peu plus léger. Retournons donc à la prose si unique en son genre de ces chers – oui, leurs prestations ne sont pas données et sont même inversement proportionnelles au bénéfice que l’on peut en tirer ! – bureaux d’études. Témoin cette petite boulette discrète et cependant cuite à point :

Des sites, comme celui de la poste, pourraient à terme être reconvertis en lieux de services publics.

Incroyable, la poste pourrait (re)devenir un service public ! Si ce n’est pas un scoop, ça y ressemble. Bon, toutefois, pas d’affolement, le conditionnel et la locution « à terme » devraient tempérer l’optimisme des plus bolcheviques parmi les habitants de cette commune.

Et puisque c’était les vacances, c’était aussi l’opportunité de prendre un peu de son temps pour s’intéresser à l’art. C’est ainsi que j’ai découvert cette intéressante initiative sur le dépliant culturel d’une station balnéaire de la Côte Atlantique :

Serge Mottet et François-Xavier Pineau vous présentent quelques œuvres sur le ressenti de la pandémie avec une note sérieuse d’espoir afin de retrouver le goût de vivre ensemble sans suspicion envers notre prochain.

 (Soumis aux gestes barrières).

Comme quoi, la suspicion, quand on en prend l’habitude, cela devient difficile d’y renoncer sans sevrage. Cerise sur le gâteau : l’exposition s’intitulait « Covid et espoir ».  On est prié(e) de ne pas rire. Ou alors discrètement. Derrière son masque.

Enfin, en guise de dessert, il peut être savoureux de revenir sur une HÉNAURME boulette concoctée par les inénarrables communicants gouvernementaux. Voici de cela quelques mois, j’avais pointé les approximations sinon « zones d’ombre » qui émergeaient d’un flyer (prospectus, en bon français) incitant à la vaccination contre le Covid 19. « L’amateurisme sous-jacent » que je percevais dans cet imprimé n’était cependant que de la petite bière, comparé au gros loupé étalé au format A3 et dévoilant la « sainte trinité » du pass sanitaire.

De prime abord, l’on ne remarque rien de particulier. Mais comme le clamerait tout bon jésuite, le diable se cache dans les détails. Un judicieux coup de zoom ou une attention soutenue (genre œil de lynx) en bas à gauche du document, et l’on découvre la date d’impression de l’affiche : 20 janvier 2020. Oui, alors que le pass sanitaire n’est entré officiellement en vigueur qu’en mai 2021. En gros, ça la fiche (ou « l’affiche ») mal.

A ce stade-là, et dans le climat de légitime défiance vis-à-vis des instances gouvernementales qui prévaut depuis le démarrage de la crise sanitaire, avec un pays écartelé entre vaccinés et non-vaccinés, que croyez-vous qu’il arriva ? Avouons que pour la sphère complotiste, c’était du pain bénit une bourde pareille. Parce qu’il s’agit bel et bien d’une monumentale bévue gouvernementale (une de plus !) et pas d’un coup monté depuis la préhistoire du Covid, comme cela a pu être évoqué.

Du reste, comment le Gouvernement aurait-il pu préparer des documents en janvier 2020, alors qu’à cette date, le virus n’était pas encore installé au beau pays de Pasteur ? Rappelez-vous, la contamination n’était pas alors censée nous atteindre. Toute ressemblance avec le nuage de Tchernobyl n’aurait constitué qu’une pure coïncidence.

En tout cas, on ne peut pas d’un côté pointer l’impréparation des gestionnaires de la crise et simultanément leur reprocher de tout manigancer en amont. Le quotidien Libération l’explique d’ailleurs fort bien.

Donc, non, toute cette histoire autour de « l’impasse sanitaire » n’est pas orchestrée par des gens qui, depuis l’origine de la crise, ont en tête de noirs desseins dirigés à l’encontre des gueux/ses que nous sommes. Dans le cas présent, c’est sottement un ancien fichier qui a servi de matrice à cette affiche du pass sanitaire. C’est juste Ste Incompétence et St Copier-coller qui ont encore frappé. C’est à se demander si ce n’est pas encore un coup du stagiaire…

Je sais, cela devient lassant. Voir qu’il n’y a personne pour relire un document officiel avant de le diffuser à l’échelle nationale s’avère particulièrement affligeant.

Bref, les communicants du Gouvernement ont indéniablement le niveau « Bureau d’études », et je ne pense pas que cela soit rassurant pour autant.

A bientôt pour d’autres boulettes. Le filon n’est pas prêt d’être tari… Si comme Brigitte, vous débusquez quelque boulette (même ailleurs qu’en terre angevine), transmettez-la moi. Elle trouvera sa place dans cette rubrique.

2 commentaires sur « La boulette de la rentrée »

  1. Merci Albert pour le chapitre mettant en scène la boîte aux lettres qui ne casse pas des briques 🙂
    Quant à l’affiche gouvernementale, je pencherais plus pour un copier/coller fait à la hâte comme bien d’autres choses d’ailleurs !

  2. Comme le confirme Brigitte avec beaucoup d’à-propos : tout ça c’est bien joli mais voilà … force est de constater que pour moins de 12 briques, aujourd’hui, t’as plus rien …

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