Je vais peut-être en surprendre quelques un(e)s avec le sujet de ma chronique du jour. A savoir, les malheurs auxquels est confronté l’un des hommes les plus riches de notre pauvre planète, M. Elon Musk. Ou plutôt ceux que rencontre le personnel – que l’on qualifiera de résiduel – qui fait fonctionner Twitter. En gros, celles et ceux que M. Elon Musk n’a pas encore licencié(e)s. Car celui qui a entrepris de ramasser un paquet de thunes dès son plus jeune âge, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère en achetant Twitter. Pour la modique somme de 44 milliards de dollars, faut-il le rappeler. Soit à une queue de vache près, le PIB du Cameroun. Celui qui ferait passer la famille Dassault pour des bénéficiaires de l’aide sociale, a en effet éliminé 75 % du personnel de Twitter. Je pourrais dire que Twitter, c’est l’autre bouteille aux trois-quarts vide !
Mais je ne suis pas sûr qu’un tel slogan fasse revenir la moitié des annonceurs partis de Twitter, depuis que celui dont la fortune peut être estimée à trois fois le PIB de la Tunisie, en a pris les rênes.
Bref, M. Elon Musk a décidé, en quelque sorte, de faire le ménage chez Twitter. Or, tu vas voir, Pierre-Benoît, comment le sort se fait parfois féroce. Le nouveau maître du petit oiseau bleu n’a pas tardé à entrer en conflit avec l’entreprise de nettoyage, chargée d’assurer la propreté des bureaux de son siège social de San Francisco. C’est l’excellent mensuel « Causette » qui m’a mis sur cette piste.
Un conflit pour quelle raison ? » t’interroges-tu, lecteur, lectrice.
Toujours la même rengaine. Les gens qui travaillent veulent être payés. Les employé(e)s avaient des revendications qui ont été rejetées. Résultat des courses : la grève. Le nettoyage des locaux n’est plus assuré, et, si j’ose dire cela commence à se faire sentir. Les restes des repas pris au bureau par les employé(e)s de Twitter débordent des poubelles, un joli cheptel de moutons s’épanouit au sol et les toilettes… Non, il vaut mieux ne pas décrire les toilettes…
D’ailleurs, le personnel de Twitter envisage de se jumeler avec les « Sans-Papiers » galérant de frontière en frontière, puisque du papier, dans leurs toilettes, il n’y en a plus. En somme, dans ce monde sans repère, que vous soyez natif de San Francisco ou du fin fond de l’Afghanistan, vous avez souvent l’impression d’être vraiment au bout du rouleau. Même si bien évidemment, ce ne sont pas pour les mêmes raisons.
La bonne nouvelle toutefois, c’est que Donald Trump est de retour sur Twitter. Pour vous la faire courte, chez Twitter, c’est du nauséabond à tous les étages…. C’est tout de même curieux non, de posséder un tel pécule… sans parvenir à dénicher un rouleau de PQ ?!
Mais il y a plus déconcertant encore, avec cet homme qui s’interroge chaque matin pour savoir laquelle de ses Porsche il va pouvoir assortir à sa cravate.
Sauf qu’il n’a plus les moyens de payer son loyer. Oui, aussi bizarre que cela paraisse, Twitter n’est que locataire des bureaux qu’il occupe. Et le propriétaire commence à montrer les crocs devant le montant des impayés – oh, trois fois rien, 136 000 $ (chiffre arrêté début janvier). La Cour Supérieure du Comté de San Francisco a même été saisie de l’affaire. D’ici qu’Elon Musk se retrouve dans un carton d’emballage, sur un trottoir, comme n’importe quel SDF de chez nous, il n’y a peut-être pas loin. D’autant que le multimilliardaire a apparemment décidé de ne plus payer le loyer d’aucun des bureaux que Twitter occupe dans le monde entier (C’est le New York Times qui rapporte l’information.) Et comme il n’y a pas de petites économies, surtout quand on a perdu, l’année dernière, la bagatelle de 132 milliards de dollars, soit… le PIB du Maroc !
Je pense, lectrice, lecteur, que tu as intégré quel était le fil conducteur de cette chronique…
Oh, le raisonnement n’est pas stupide… Elon Musk part du principe que Twitter est devenu indispensable, et que le monde économique ne peut se permettre de voir disparaître ce fleuron du numérique. En gros, il nous refait le coup du « too big to fail » (trop gros pour s’effondrer) que les banques d’affaires étasuniennes avaient sorti de leur haut-de-forme, lors de la crise des subprimes. On se rappelle que Lehman Brothers a incarné l’exception qui a confirmé la règle. La banque a bel et bien, mordu la poussière.
Mais revenons, si tu le veux bien, au siège social de Twitter à San Francisco. Toujours avec en tête cet objectif de faire des économies, Elon Musk y a même converti des bureaux en dortoirs pour encourager ses employés à travailler davantage et dormir sur place. Cela me laisse rêveur !…
Dormir sur son lieu de travail, pour être encore plus disponible et performant(e) pour le compte de son patron, et sans avoir un boulot de veilleur de nuit. Voilà qui risque de donner des idées à notre Première Sinistre préférée, lorsqu’elle nous concoctera une nouvelle réforme du Code du Travail…
On ne sait pas si la trouvaille d’Elon Musk suffira à redresser le bilan financier de Twitter. En tout cas, ce qui devient probable, c’est que le nouveau propriétaire de l’oiseau bleu va finir par y laisser des plumes.
Et bien sûr, la version pour les oreilles, c’est ici. Cela commence à 3’52 ». Mais écoutez donc l’intégralité de l’émission…